bitola historique

Bitola (en macédonien : Битола), anciennement Monastir ou Manastir, est une ville et une municipalité du sud-ouest de la République de Macédoine. C'est un important centre administratif, culturel, industriel, commercial et d'enseignement.

Bitola se trouve dans la plaine de Pélagonie, à 15 kilomètres de la frontière grecque, sur la route qui relie la mer Égée au sud de la mer Adriatique et à l'Europe centrale.

Bitola est la troisième municipalité macédonienne en nombre d'habitants, derrière Koumanovo et Skopje ; en 2010, elle comptait 93 585 habitants.

Elle est connue depuis le XIXe siècle comme la « ville des consuls » car de nombreux pays européens y possèdent depuis des consulats.

Elle possède également un riche héritage architectural, notamment ottoman, et son centre-ville est réputé pour son architecture typique de l'Europe centrale, datant de la seconde moitié du XIXe siècle.

 

Étymologie

Le nom Bitola est dérivé du vieux mot slave Obitel (monastère ou domicile), parce que la ville était autrefois célèbre pour son monastère. Lorsque la signification du nom n'a plus été comprise, elle a perdu son préfixe «o». La première mention écrite de Bitola date de 1014 ; elle figure sur un traité de l'empereur Samuel Ier de Bulgarie.

Un autre nom grec de la ville, qui est actuellement toujours utilisé, est Monastiri (Μοναστήρι), signifie aussi "monastère".

 

Antiquité

Pendant la Préhistoire, une communauté, appelée Lyncestis, s'installe dans la région. Au Ve siècle av. J.-C., sous l'impulsion du roi Philippe II de Macédoine, une ville, Heraclea Lyncestis, est construite sur une petite colline se trouvant à l'ouest de la ville actuelle.

Au IIe siècle av. J.-C., la Macédoine est envahie par les Romains. Ceux-ci réorganisent l'ancien royaume en province et font de la route qui reliait la mer Adriatique à la Thrace une voie très importante, baptisée Via Egnatia.

La ville est évangélisée très tôt, dès le Ier siècle, et devient un évêché. Heraclea Lyncestis est alors une ville importante, elle possède notamment des fortifications, deux basiliques et un théâtre.

 

Moyen Âge

Au VIe siècle, les Slaves Dragovites et Berzites s'installent durablement dans la région. Ils abandonnent Heraclea Lyncestis et s'installent à l'emplacement de la ville actuelle, qui fait partie de l'Empire byzantin.

Pendant les siècles suivants, la ville, éclipsée par Ohrid, ne joue pas de grand rôle dans l'Empire. Vers l'An Mil, cependant, elle redevient un carrefour commercial et de nombreux monastères et couvents sont construits. Ce sont ces établissements qui donnent son nom à la ville, Bitola, qui vient d'un mot slave signifiant « monastère ».

Au XIVe siècle, Bitola est conquise par les empereurs serbes qui l'incluent dans leur État. À la fin de ce siècle, les Turcs commencent à envahir les Balkans et prennent Bitola en 1382. Ils la rebaptisent aussitôt Monastir.

 

Époque ottomane

Monastir devient un grand centre commercial, qui commerce surtout avec l'Albanie et la Grèce. La ville accueille un très grand nombre de Turcs et devient la troisième plus grande ville de l'Empire ottoman. Au XVIe siècle, Monastir accueille également une importante communauté juive, originaire d'Espagne et du Portugal, pays alors soumis à l'Inquisition. Alors que les Turcs et les Juifs s'installent dans la ville, les Slaves occupent surtout les villages alentour.

Après la Deuxième guerre austro-turque, qui se déroule de 1683 à 1699 et qui s'achève par la défaite ottomane, Monastir, comme les autres villes macédoniennes, décline, et sa population tombe à 12 000 habitants.

 

De 1800 à 1918

Dès le début du XIXe siècle, Monastir connaît de profondes mutations et retrouve sa place de métropole dans l'Empire ottoman. L'implantation d'ateliers d'artisanat offre du travail à la population grandissante. En 1835, Monastir est la seconde ville sur la partie européenne de l'Empire ottoman après Thessalonique.

En 1894, l'ouverture de la ligne de chemin de fer reliant Monastir à Thessalonique permet un nouvel essor économique pour la ville, qui, reçoit les consulats de douze États européens et s'occidentalise fortement. Monastir reçoit alors son surnom de Ville des Consuls, qu'elle conserve encore plus de cent ans après.

Pendant le début du XXe siècle siècle, Bitola est un grand foyer d'associations autonomistes macédoniennes, En 1903, la ville est l'un des principaux foyers de l'Insurrection d'Ilinden, conduite par les nationalistes macédoniens contre les Ottomans et qui soulève toute la Macédoine slave.

En 1915, lors de la Première Guerre mondiale, les Bulgares envahissent la totalité de la Macédoine serbe, où ils s'opposent aux soldats alliés. Jusqu'en 1918, Bitola se retrouve ainsi sur le front, et est bombardée presque quotidiennement, par des avions et des batteries ; elle sort de la guerre presque entièrement détruite.

 

Depuis 1918

Après la fin de la Première Guerre mondiale, Bitola, comme toute l'ancienne Macédoine serbe de 1912, est incluse dans le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. En 1929, cet État devient le Royaume de Yougoslavie. La ville se trouve alors isolée à l'extrême sud de ce nouveau royaume et décline progressivement pendant l'entre-deux-guerres.

Bitola est, lors de la Seconde Guerre mondiale, la première ville de Yougoslavie à être attaquée par les forces de l'Axe. Bitola, occupée par la Bulgarie, souffre de la déportation de plus de 3 000 Juifs en mars 1943, 606 arrestations, 251 condamnations pour résistance, 600 habitants meurent lors de combats, 500 sont blessés. La ville est libérée le 4 novembre 1944 par des Résistants communistes.

À la fin du conflit, en 1945, alors que la République socialiste de Macédoine est créée, Bitola est pressentie pour devenir capitale. Finalement, Tito impose Skopje, l'autre grande ville macédonienne, située dans le nord du pays. Mais Bitola demeure le second centre économique de la Macédoine. La ville compte par ailleurs encore dix consulats. Depuis 1991 et son indépendance définitive, Bitola fait partie de la République de Macédoine.